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L’un a fait la France ; l’autre a largement contribué à la défaire… […]
La question: «Que ferait de Gaulle?» n’est pas si sotte ni si vaine que cela car il a laissé une doctrine simple: celle du souverainisme selon laquelle le peuple est l’horizon indépassable de toute vérité politique, ce qui ne va pas sans l’indépendance de la France, une puissance et une force, une potentialité et une énergie à maintenir coûte que coûte. Le chef de l’État ne se sert pas de l’État mais il le sert, car il est lui-même un instrument au service de la volonté populaire. Le fin mot de la République est donc la consultation électorale qui permet de savoir ce que veut le peuple. Dans cette configuration, l’objectif du chef de l’État n’est pas de tout faire pour être élu ou réélu, mais de proposer un contrat social auquel seul le peuple peut consentir et qu’il est le seul à pouvoir rompre: l’élection permet en effet le mouvement politique par excellence, la dynamique démocratique - élection donc, mais aussi éviction.
C’est dans ce perpétuel aller et retour entre ce que veut le peuple et ce que peut celui qui, mandaté par lui, parle en son nom, que se trouve matière à grandeur. Le chef de l’État propose, le peuple dispose et quand il dispose en sa faveur, le premier des Français fait le nécessaire pour maintenir la grandeur de la France - ce qui suppose, a minima, qu’on veuille que la France soit et dure, et non pas qu’on prétende qu’elle n’aurait plus de sens et d’avenir qu’en devenant la petite province d’une grande puissance européenne devenue courroie de transmission du marché.
En fait, le combat du général de Gaulle aura été en tout un combat de civilisation. André Malraux l’a compris parmi les premiers et, après son compagnonnage avec les communistes avant-guerre, il le rejoint en politique pour cette seule et unique raison. […]
Il est malveillant de dire que de Gaulle est contre l’Europe: il est contre celle de Jean Monnet, libérale et pro-américaine, mais pour celle qui permet aux nations associées en elle de se retrouver plus fortes. Il dit: «La politique de la France est de faire une Europe qui en soit une, qui existe par elle-même, qui ait son économie, sa défense, sa culture. C’est un sujet qu’il faut traiter objectivement et sans passion. La France est profondément attachée à la construction européenne. C’est dans le cadre européen que nous entendons désormais placer notre vie nationale.» L’Europe gaullienne et gaulliste, c’est donc une Europe au service des nations et non des nations au service de l’Europe.
à suivre ...
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