2/3 L’un a fait la France ; l’autre a largement contribué à la défaire… […] La question: «Que ferait de Gaulle?» n’est pas si sotte ni si vaine que cela car il a laissé une doctrine simple: celle du souverainisme selon laquelle le peuple est l’horizon indépassable de toute vérité politique, ce qui ne va pas sans l’indépendance de la France, une puissance et une force, une potentialité et une énergie à maintenir coûte que coûte. Le chef de l’État ne se sert pas de l’État mais il le sert, car il est lui-même un instrument au service de la volonté populaire. Le fin mot de la République est donc la consultation électorale qui permet de savoir ce que veut le peuple. Dans cette configuration, l’objectif du chef de l’État n’est pas de tout faire pour être élu ou réélu, mais de proposer un contrat social auquel seul le peuple peut consentir et qu’il est le seul à pouvoir rompre: l’élection permet en effet le mouvement politique par excellence, la dynamique démocratique - élection ...
Le Covid-19 engendre une vague d'antisémitisme dans le monde qui inquiète
Le bureau national de vigilance contre l'Antisémitisme a déposé une cinquantaine de plaintes depuis mars pour des actes ou propos antisémites en France. Une hausse également constatée dans plusieurs pays, notamment en Allemagne.
«L'antisémitisme est un virus contagieux». Félix Klein n'avait pas mâché ses mots lorsqu'en avril dernier il alertait sur la montée de l'antisémitisme en Allemagne. «Il y a des liens directs entre l'actuelle propagation du coronavirus et celle de l'antisémitisme», avait alors déclaré le commissaire du gouvernement allemand chargé de l'antisémitisme. Fin juillet, Josef Shuster, le président du Conseil central des Juifs en Allemagne, a pris le relais en exprimant son inquiétude quant à la profusion de théories du complot sur les réseaux sociaux rendant les juifs responsables de la propagation du virus.
Résurgence d'un vieil antisémitisme
L'Allemagne n'est pas le seul pays à connaître une hausse de l'antisémitisme. Dans son rapport annuel, publié en avril, le Centre Kantor de l'Université de Tel-Aviv a recensé 456 actes violents antisémites dans le monde en 2019, soit une hausse de 18%. Si les auteurs de l'étude n'ont pas encore inclus les statistiques de 2020, ils ont toutefois noté que l'épidémie de Covid-19 avait déclenché une vague conséquente d'antisémitisme.
Messages antisémites diffusés sur les réseaux sociaux, caricatures de personnes supposées juives, vidéos sur YouTube, cyberattaques… Depuis le début de la pandémie, les réseaux sociaux regorgent de théories du complot plaçant les juifs au cœur d'une machinerie mondiale. En France, l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, ainsi que son mari Yves Lévy, professeur immunologiste, ont été particulièrement visés. Critiqués pour leur gestion de la crise, ils sont également rendus responsables de la propagation de l'épidémie, notamment par des partisans du professeur Raoult, agacés par le manque de soutien du gouvernement à l'hydroxychloroquine.
Fin mars, le site Conspiracy Watch a ainsi relayé un tweet qualifié d’antisémite. «Pendant que Buzyn refusait de fermer les frontières, son mari Lévy empêchait Didier Raoult de publier ses résultats. Tandis que Jérôme Salomon liquidait notre stock de masques. Mais bon officiellement l'empoisonnement des puits au moment de la peste relève du mythe», écrivait ainsi un internaute sur Twitter. Selon l'Observatoire du complotisme, ce message «réactualise littéralement le mythe médiéval du juif empoisonneur».
Dans le même style, nombre de caricatures d'Agnès Buzyn ont fleuri sur divers forums et sites. «Certains tweets et caricatures ont véhiculé la théorie que les juifs ont propagé le virus, détaille Tal Bruttmann, historien spécialiste de l'antisémitisme en France. Ce type d'accusations remontent au Moyen-Âge. En Allemagne ou dans d'autres pays européens, l'antisémitisme est toujours empreint de mythes médiévaux. Mais ce n'était pas le cas en France où on a vu réapparaître un vieil antisémitisme, qu'on n'avait plus vu en France depuis 6 ou 7 siècles.»
Au Moyen-Âge, les Juifs ont été tenus responsables de la propagation de la peste. Avec parfois de terribles conséquences. «En 1349, à Strasbourg, la moitié de la population juive de la ville a été tuée, lors du massacre de la Saint-Valentin, raconte encore Tal Bruttmann. Il y a eu des massacres à Grenoble également où toute la population juive a été tuée “en prévention” et finalement, les habitants ont eu la peste ensuite. On n'avait plus revu ce genre d'accusations en France depuis. Pendant le Sida, il y en a eu quelques-unes mais en faible proportion. C'est vraiment revenu avec le Covid.»
Cinquantaine de plaintes
Face à la multiplication de ces messages haineux sur les réseaux sociaux, le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme a déposé une cinquantaine de plaintes depuis mars, a indiqué son président, Sammy Ghozlan. «L'antisémitisme a surtout continué sur les réseaux sociaux. C'est quelque chose de récurrent, le juif est le bouc émissaire. On reçoit deux à trois signalements hostiles par jour, que ce soit des actes antisémites ou des messages sur les réseaux».
«Il existe également une autre tendance, celle des militants anti-masques, anti-vaccins qui disent qu'ils sont les nouveaux juifs parce que “persécutés”, analyse Tal Bruttmann. Et, dans les mêmes manifestations il y a également des pancartes antisémites.» En Allemagne, par exemple, des manifestations hebdomadaires sont organisées depuis avril. Une foule hétéroclite composée de militants venus d'extrême droite, d'opposants aux vaccins ou aux restrictions des libertés se rassemble pour dénoncer le port du masque dans les magasins notamment. Certains manifestants ont été aperçus avec une étoile jaune épinglée sur leur torse, portant l'inscription «anti-vaccins». «Nous avons été vraiment choqués, confie Uffa Jensen. Il s'agit d'un signe désignant les victimes juives. Quelques groupes extrémistes ont commencé à les porter pour signifier qu'ils sont également des victimes – surtout dans les milieux d'extrême droite. C'est offensant».
Des événements similaires ont également eu lieu aux États-Unis, où les manifestations pour dénoncer les mesures anti-Covid-19 ne sont pas rares. Début mai, lors d'un rassemblement anti-restrictions à Chicago, une femme a été photographiée avec une pancarte sur laquelle était écrit: «Arbeit macht frei», «le travail rend libre», soit le slogan inscrit à l'entrée du camp de concentration d'Auschwitz. Selon l'un des participants à la manifestation, qui a pris la pancarte en photo, cette femme américaine a assuré ne pas être nazie et qu'elle avait «des amis juifs».
«Ces dernières années, l'antisémitisme s'est accru aux Etats-Unis, même s'il n'est pas aussi prévalent qu'en France, estime l'historienne américaine Deborah Lipstadt, professeure en études juives. Les incidents se sont multipliés, il ne s'agit plus vraiment d'un havre de paix pour les Juifs». Le pays a d'ailleurs enregistré un nombre record d'actes antisémites en 2019 : 2107 actes d'agression, de harcèlement et de vandalisme contre 1986 en 2017.
«La plus vieille haine du monde»
Des militants d'extrême droite américains ont même inventé un nouveau terme : «l'holocough», contraction d'holocauste et de «cough» qui signifie «tousser» en anglais. Un message a ainsi circulé sur la messagerie Telegram appelant à transmettre le coronavirus aux juifs : « Si vous avez le virus, faites un câlin, propagez la grippe, à tous les juifs», pouvait-on lire. Le FBI a alerté sur cette pratique et les appels venant de néo-nazis et de suprémacistes blancs à transmettre le virus aux juifs. «L'antisémitisme a été très justement appelé la plus vieille haine du monde, c'est «pratique» de rendre les Juifs responsables de tous les maux. Et puis, internet a aidé à la diffusion de l'antisémitisme», ajoute Deborah Lipstadt.
Tal Brutmann rappelle également que face à un «choc mondial» comme le Covid, le réflexe est souvent de rejeter la faute sur quelqu'un. «Il y a eu plusieurs théories racistes, xénophobes et antisémites qui sont sorties. Les Asiatiques ont été tenus responsables au départ, par exemple, même si ça s'est atténué depuis». L'historien reconnaît toutefois que l'antisémitisme latent a, lui, pris plus d'ampleur et a plus de mal à s'estomper. «Vu qu'on a une explosion d'antisémitisme depuis une vingtaine d'années, il y a un enracinement lié aux réseaux sociaux. Donc ce n'est pas étonnant que l'antisémitisme resurgisse à chaque fois qu'il y a un problème». Et puis, selon l'historien, «dans une pandémie, il y a tous les ingrédients de l'antisémitisme : dire que les juifs contrôlent le lobby pharmaceutique, qu'il y a un complot mondial et qu'ils sont responsables de l'origine de la maladie, comme pour la peste».
Un climat pesant qui favorise par ailleurs le sentiment d'insécurité des Juifs, notamment en France. «Aujourd'hui, ils sont attaqués au plus près de leur domicile, ils sont accusés de tout et n'importe quoi. Il y a des attaques, des excréments devant les portes… Certaines personnes sont obligées de déménager, et la pandémie a accentué les choses, ça a rendu les gens surexcités», estime Sammy Ghozlan. D'ailleurs, les demandes pour faire son «aliyah», l'«ascension» en Israël, ont augmenté. Selon des chiffres officiels, environ 700 dossiers ont été ouverts en mai 2020 contre 130 en mai 2019 dans les bureaux de l'Agence juive en France. Les autorités israéliennes se préparent ainsi à accueillir une vague d'immigration juive post-coronavirus.
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