Accéder au contenu principal

De GAULLE - Mitterand 2/3

  2/3   L’un a fait la France ; l’autre a largement contribué à la défaire… […] La question: «Que ferait de Gaulle?» n’est pas si sotte ni si vaine que cela car il a laissé une doctrine simple: celle du souverainisme selon laquelle le peuple est l’horizon indépassable de toute vérité politique, ce qui ne va pas sans l’indépendance de la France, une puissance et une force, une potentialité et une énergie à maintenir coûte que coûte. Le chef de l’État ne se sert pas de l’État mais il le sert, car il est lui-même un instrument au service de la volonté populaire. Le fin mot de la République est donc la consultation électorale qui permet de savoir ce que veut le peuple. Dans cette configuration, l’objectif du chef de l’État n’est pas de tout faire pour être élu ou réélu, mais de proposer un contrat social auquel seul le peuple peut consentir et qu’il est le seul à pouvoir rompre: l’élection permet en effet le mouvement politique par excellence, la dynamique démocratique - élection ...

Queneau et Lucky






Quand Raymond Queneau réclamait des journaux pour son chien en 1951

 
Raymond Queneau (1903- 1976), écrivain français, membre de l'Académie Goncourt, ici le 12 mars 1951, lisant «Moby Dick» avec son chien sur les genoux. Rue des Archives/mention obligatoire René Saint P
 

À l'occasion de son élection à l'Académie Goncourt en mars 1951, Le Figaro Littéraire publia en une un article de lui - très léger - dans lequel il «regrettait» de ne pas trouver de presse pour son chien Lucky.

Article paru dans Le Figaro Littéraire du 17 mars 1951.

Pour mon chien

Ce qui me scandalise chez les marchands de journaux, c'est que l'on peut s'y procurer des gazettes pour tous les goûts, pour toutes les catégories d'humanité, pour les hommes, pour les femmes, pour les enfants, pour les tricoteuses et même pour les sportifs, et qu'il n'y en a pas pour les chiens. Et pourtant ça m'arrive souvent d'avoir envie de lui acheter un magazine à mon chien. J'ai l'impression que ça lui ferait plaisir. C'est la seule chose qui manque dans le merveilleux étalage qu'est la montre d'une journétalagiste.

Avant d'avoir un chien, je ne me rendais pas compte. Naturellement. Mais je me souviens fort bien qu'un jour… Un monsieur se dirigeait vers un distributeur du quartier, qui est en boutique. C'était un dimanche, et le monsieur était précédé de son chien. À la porte du dépositaire, le chien fait mine d'entrer. «Non, lui dit le monsieur, aujourd'hui je n'achète pas le journal.» Et le clebs repris son chemin domestique. Mais peut-être avait-il envie d'un hebdomadaire, le ouah-ouah? Qui pourra nous dire s'il n'avait pas envie de faire l'emplette d'une publication coquine ou d'un mensuel pondéré?

Je regrette vivement que mon chien ne puisse participer à quelques-unes de mes distractions, bien qu'il ne soit pas de ma dignité de partager la plupart des siennes. Pourtant, par exemple, nous aimons tous les deux le cinéma. Des règlements révoltants (et fondés sur quels principes, on se le demande) m'interdisent de le faire pénétrer dans les salles obscures. Cet ostracisme me chagrine et je n'apprécie plus cet art avec la même candeur qu'autrefois.

L'autre année, au Festival de Biarritz, j'eus l'autorisation, pour une seule séance hélas, de ne pas me séparer de mon clébard. Nous vîmes ensemble Zéro de conduite , qu'il apprécia beaucoup et qu'il suivit fort attentivement, et L'Atalante. Ou plutôt, je vis L'Atalante, car au bout de fort peu de temps l'animal s'assoupit. Qu'est-ce qu'il y avait de mal dans sa conduite? Rien. Qui justifiât son exclusion? Rien. Avait-il aboyé? Que non pas. Avait-il dérangé ses voisins? Nullement. Moins que les croqueurs de cacahuètes, les lecteurs à haute voix lente de sous-titres et les couples qui ne séparent leurs lèvres qu'avec le mou son des flèches «eurêka» qu'on détache de leur point de chute.

Une revue de cinéma sainement conçue pour l'espèce canine me paraît un des problèmes de l'heure, un problème qui demande une solution urgente. De notables efforts ont été faits dans ce sens. Il est rageant de penser qu'il suffirait de si peu de choses pour que nos humaines publications deviennent, enfin, accessibles au plus reniflant quadrupèdes.

Par Raymond Queneau, de l'Académie Goncourt 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

REVERDY. Sur un petit air

Sur un petit air Le cœur vole vole vole Dans les tourbillons du vent Le cœur vole vole vole Dans les rayons du printemps. Le cœur vole vole vole Dans la cage des amants Le cœur vole vole vole Dans l'orage et les tourments. Puis se pose pose pose Se pose bien sagement Puis se pose pose pose Entre les bras d'un enfant. Pierre REVERDY Les amants heureux, dit aussi La Cage Jean-Honoré Fragonard Note : Le berger tient entre ses mains la colombe qui doit rentrer rentrer dans sa cage. Mais, par jeu (?!...), la bergère la soulève hors de sa portée. De l’autre main, elle tient le fil qui déclenche le piège à oiseaux situé en contrebas. Seule la bergère a la maîtrise de ce qui entre ou n’entre pas dans la cage…

Cyrano

Cyrano de Bergerac  •  Crédits :  Brigitte Enguérand / Comédie Française Arnaud Laporte, producteur de  La Dispute , revient sur l’histoire de cette pièce hors-norme, et analyse le très grand succès de cette production de la Comédie Française, avant sa  diffusion dimanche 3 mai à 20h50 sur France 5 . Un monument national Nous sommes le 27 décembre 1897, soir de la Première de  Cyrano de Bergerac  au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Le jeune dramaturge Edmond Rostand, âgé de 29 ans, s’excuse avant le lever de rideau auprès de son acteur, Coquelin, de l’avoir " entraîné dans cette désastreuse aventure ". On connaît la suite : quarante rappels, et Rostand fait chevalier de la Légion d’Honneur deux jours plus tard par le Président du Conseil ! Sans doute faut-il faire un peu d’histoire pour comprendre le destin de cette pièce, et rappeler tout d’abord que Rostand était un dreyfusard convaincu. L’écriture de Cyrano se situe sous l’influence de l’air d...

DESNOS - Sol de Compiègne ! (Le dernier poème de Robert DESNOS)

Robert DESNOS Tableau de ©Francine MAYRAN.  Robert Desnos naît le 4 juillet 1900 .  Il aurait 120 ans aujourd'hui. On connait sa fin tragique, évoquée plusieurs fois déjà. Voici  son dernier poème,   composé et écrit au camp de Compiègne-Royallieu.          Sol de Compiègne !     CHŒUR  (très pressé et comme se chevauchant) Craie et silex et herbe et craie et silex Et silex et poussière et craie et silex Herbe, herbe et silex et craie, silex et craie (ralenti) Silex, silex et craie Et craie et silex Et craie... UNE VOIX Quelque part entre l’Hay-les-Roses Et Bourg-la-Reine et Antony Entre les roses de l’Hay Entre Clamart et Antony CHŒUR  (très rythmé) Craie et silex — craie et silex Et craie Et silex et craie et silex et craie Et silex UNE VOIX Entre les roses de l’Hay Et les arbres de Clamart Avez-vous vu la sirène La sirène d’Antony Qui chantait à Bourg-la-Reine Et qui chante encore à Fresnes. CHŒUR Sol de Compiègne ...