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Articles

Affichage des articles du avril, 2020

De GAULLE - Mitterand 2/3

  2/3   L’un a fait la France ; l’autre a largement contribué à la défaire… […] La question: «Que ferait de Gaulle?» n’est pas si sotte ni si vaine que cela car il a laissé une doctrine simple: celle du souverainisme selon laquelle le peuple est l’horizon indépassable de toute vérité politique, ce qui ne va pas sans l’indépendance de la France, une puissance et une force, une potentialité et une énergie à maintenir coûte que coûte. Le chef de l’État ne se sert pas de l’État mais il le sert, car il est lui-même un instrument au service de la volonté populaire. Le fin mot de la République est donc la consultation électorale qui permet de savoir ce que veut le peuple. Dans cette configuration, l’objectif du chef de l’État n’est pas de tout faire pour être élu ou réélu, mais de proposer un contrat social auquel seul le peuple peut consentir et qu’il est le seul à pouvoir rompre: l’élection permet en effet le mouvement politique par excellence, la dynamique démocratique - élection ...

Le centenaire de Boris Vian

* Post-scriptum : ce n’est pas un hasard si l’anniversaire des 100 ans de Boris Vian, le 10 mars 2020, tombe en ouverture du printemps des poètes. Car celui qui ne voulait pas crever Sans qu’on ait inventé / Les roses éternelles / La journée de deux heures / La mer à la montagne / La montagne à la mer / La fin de la douleur, celui qui savait que La vie, c’est comme une dent / D’abord on y a pas pensé / On s’est contenté de mâcher / Et puis ça se gâte soudain / Ça vous fait mal, et on y tient / Et on la soigne et les soucis / Et pour qu’on soit vraiment guéri / Il faut vous l’arracher, la vie. Celui-là qui écrivait comme quatre, chantait du soir au matin et jouait comme personne, l’enfant de Ville-d’Avray, le joyeux condamné de la Cité Véron, ce singulier et magnifique  poète de 39 ans   savait ce qu’il en était de vivre. * Toute ressemblance avec  un président français  ne me semble pas fortuite. 

BAUDELAIRE. Le Goinfre, extrait

Le goinfre M ais je vois à cet oeil tout chargé de tempêtes Que ton coeur n'est pas fait pour les paisibles fêtes,  Et que cette beauté, sombre comme le fer,  Est de celles que forge et que polit l'Enfer Pour accomplir un jour d'effroyables luxures Et contrister le coeur des humbles créatures. Charles Baudelaire Le Goinfre  in Les Fleurs du Mal, Bribes DALI L'oeil, 1945

René Char. Extrait

L'été chantait sur son roc préféré quand tu m'es apparue, l'été chantait à l'écart de nous qui étions silence, sympathie, liberté triste, mer plus encore que la mer dont la longue pelle bleue s'amusait à nos pieds. L'été chantait et ton coeur nageait loin de lui. Je baisais ton courage, entendais ton désarroi. Route par l'absolu des vagues vers ces hauts pics d'écume où croisent des vertus meurtrières pour les mains qui portent nos maisons. Nous n'étions pas crédules. Nous étions entourés.   René Char extrait du poème Fastes

Vincensini. Je n'ai jamais revu

Je n'ai jamais revu Je n'ai jamais revu cet enfant silencieux Qui se lavait les yeux La nuit Dans les rivières Je ne l'ai pas revu Et ses amies les pierres Ne m'ont rien dit tout bas Il est près de la mer Il s'est crevé les yeux Il sort la nuit dans les clairières Et tisse avec ses paupières Des paniers pour les sourds   Paul Vincensini In  Des paniers pour les sourds

Des bisous

Les bisous ne seront-ils bientôt plus que le souvenir du "monde d'avant" ? Pour Kant, ils révèlent notre insociable sociabilité : ce besoin insupportable d’être avec un autre que soi. Le bisou nous met directement en prise avec l'autre, de manière singulière. S'il disparaît, sera-t-on moins proches les uns des autres ? Bien avant les mesures de confinement, l’idée de se tenir à distance les uns des autres avait déjà bien infusé. Plus de poignées de mains, d’embrassades, de tapes amicales, mais à la place un salut de la tête, un coucou de la main et un sourire entendu… On s’est dit que c'était là quelque chose de temporaire, l’affaire de quelques mois… Mais imaginez : et si c’était définitif ? Et si dorénavant les échanges tactiles, les accolades, les câlins : les bisous, c’était du passé, un souvenir du "monde d’avant" ? Serait-on pour autant moins proches les uns des autres ?  L'art du bisou Faire la bise est une spécificité française. Les étran...

Andrée Chedid. Delphes

Delphes Tout ce qui est nôtre s'efface, Tout ce qui est nôtre demeure Et plante sa moisson jusqu'en l'extrême hiver. ​​​​​​​La lumière s'adosse aux monstres, L'âcre langue des morts se rachète en promesses de rosée. Voici, une fois encore, que nous voulons savoir.  Andrée Chedid extrait du poème "Terre des présages" dans le recueil Terre regardée (1957)

Pierre Ferran. Le cinquième jour

Le cinquième jour Du haut d'un nuage, Les mains rouges d'argile, Dieu contemplait les animaux : - "Je suis mécontent du zèbre, Dit-il à saint Rémi Qui tenait la liste, Il ressemble trop au cheval, Rayez-le !" Pierre Ferran Les Yeux,  1971 Sculptures en bois flotté de  Heather Jansch. Pierre Ferran  (1930-1989) était enseignant, poète et écrivain.

Boris Vian, Je veux une vie en forme d'arête

Je veux une vie en forme d'arête Je veux une vie en forme d'arête Sur une assiette bleue Je veux une vie en forme de chose Au fond d'un machin tout seul Je veux une vie en forme de sable dans des mains En forme de pain vert ou de cruche En forme de savate molle En forme de faridondaine De ramoneur ou de lilas De terre pleine de cailloux De coiffeur sauvage et d'édredon fou Je veux une vie en forme de toi Et je l'ai, mais ça ne me suffit pas encore Je ne suis jamais content  Boris Vian In Dernier recueil

François Cheng

François Cheng, la poésie en majesté Dans la grisaille du métro parisien, à la même époque l'an dernier, une voix suave susurrait dans les haut-parleurs: «La beauté est une rencontre. Toute présence / Sera par une autre présence révélée. / D’un même élan regard aimant figure aimée ; / D’un seul tenant vent d’appel feuilles de résonance.» C’est la comédienne Rachida Brakni qui lit ce quatrain de François Cheng, un moment surprenant offert par la RATP à l’occasion des vingt ans du Printemps des poètes. Ce n’est pas un hasard si la Régie autonome des transports parisiens a choisi l’écrivain et calligraphe: il a rendu à la poésie sa popularité. Il faut remonter à Aragon ou Prévert pour faire rimer vers avec best-seller. C’est le cas des recueils de François Cheng. Enfin le royaum e a touché 28.000 lecteurs avant sa publication en petit format dans la collection «Poésie/Gallimard». Ses précédents titres, notamment La vraie gloire est ici et À l’orient de tou t, ont été vendus à près de...

Bernard de Ventadour. L'hiver m'est fleur

L'hiver m'est fleur J'ai une telle joie au coeur, elle me dénature tout. Fleur blanche, incarnat ou pâle, me semble froidure. Avec vent et pluie m'appelle l'aventure, et s'élève mon chant, et s'accroît mon mérite. J'ai tant d'amour au coeur, de joie et de douceur, que l'hiver m'est fleur, la neige, verdure. B ernard de Ventadour Auguste RENOIR L'ingénue,  1874  * *      Né vers 1125 à Ventadour, mort vers 1195,  Bernard de Ventadour , en ancien occitan Bernart de Ventadorn, est l’un des plus célèbres troubadours. Troubadour limousin (château de Ventadour vers 1125-abbaye de Dalon fin du   XII e  s.), il fréquenta la cour d'Aliénor d'Aquitaine et la cour de Toulouse. La qualité mélodique de ses 45 chansons, l'équilibre expressif du texte et de la musique font de lui un des maîtres de la monodie profane au Moyen Âge.  (source : Larousse)

Sempé

J.J.Sempé

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©Dave Pollot

Cendrars. Pâques à New-York

____________________________________________________________________ C' est un long poème, tragique, écrit d'une traite et jamais repris, à la suite d'une nuit d'errance et de fièvre dans le dédale de New York, un soir de Pâques en 1912. Blaise Cendrars, l'athée, y cherche Dieu, dans ses souvenirs de voyage, dans ses rencontres de hasard, dans les quartiers pauvres, dans les différents types de ghettos de la mégalopole bigarrée.Toute la Passion du Christ s'y joue à l'échelle humaine: les prostituées de la ville sont de modernes Marie-Madeleine, les larrons, bons ou mauvais, sont la racaille et la pègre qui hantent les rues mal famées,  "Seigneur, rien n'a changé depuis que vous n'êtes plus Roi" , dit Blaise au Christ,  "le Mal s'est fait une béquille de votre croix". "Seigneur, rien n'a changé depuis que vous n'êtes plus Roi le Mal s'est fait une béquille de votre croix" Le poème est construit en strophes...