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Articles

Affichage des articles du septembre, 2020

De GAULLE - Mitterand 2/3

  2/3   L’un a fait la France ; l’autre a largement contribué à la défaire… […] La question: «Que ferait de Gaulle?» n’est pas si sotte ni si vaine que cela car il a laissé une doctrine simple: celle du souverainisme selon laquelle le peuple est l’horizon indépassable de toute vérité politique, ce qui ne va pas sans l’indépendance de la France, une puissance et une force, une potentialité et une énergie à maintenir coûte que coûte. Le chef de l’État ne se sert pas de l’État mais il le sert, car il est lui-même un instrument au service de la volonté populaire. Le fin mot de la République est donc la consultation électorale qui permet de savoir ce que veut le peuple. Dans cette configuration, l’objectif du chef de l’État n’est pas de tout faire pour être élu ou réélu, mais de proposer un contrat social auquel seul le peuple peut consentir et qu’il est le seul à pouvoir rompre: l’élection permet en effet le mouvement politique par excellence, la dynamique démocratique - élection ...

Baudelaire. Au lecteur

  Au lecteur La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos tâches. Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste. C'est le diable qui tient les fils qui nous remuent ! Aux objets répugnants nous trouvons des appas ; Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.   Charles Baudelaire extrait du poème   in   Les Fleurs du mal.

Arthur Rimbaud. Extrait de Alchimie du verbe

       Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.    J'inventai la couleur des voyelles ! – A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. – Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.       Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges. Arthur Rimbaud extrait de Alchimie du verbe  In  Une saison en enfers

Quand Verlaine chantait les gens du Nord

  Quand Verlaine chantait les gens du Nord Au soir de sa vie, le poète rendit hommage à sa terre de prédilection au café Le Procope. «Paul Verlaine au Café Le Procope» d’après Cesare Bacchi, 1938.   imagerie Les Ardennes belges ou françaises et Rethel, l’Artois où il a passé une partie de son enfance, Douai, Bruxelles, Charleroi, Gand, Malines vers Anvers, et Mons, où il restera plus d’un an sous les verrous. Ajoutons, en remontant: La Haye, Leyde et Amsterdam…  Verlaine , le moins méridional de nos poètes (il parlait de «Midi cuit»), a toujours été aimanté par le Nord, au sens large. Ce fils de Saturne et de Septentrion, rejeton d’une mère originaire du Pas-de-Calais, n’a pas manqué de chanter les briques aux ocres douteuses, les tuiles couleur de pluie, les plates et monotones contrées, les brumes des plaines et de l’absinthe, le «vent [qui] cherche noise» et les «gais chemins grands». On se souvient toujours des brefs couplets entêtants de Walcourt, poème tiré des Pays...

Rimbaud et Verlaine

  Rimbaud et Verlaine trop libres pour le Panthéon ! On n’est pas sérieux quand on est ministre de la Culture. Roselyne Bachelot, titulaire du poste, ainsi que ses prédécesseurs soutiennent, apprend-on, une pétition en faveur du transfert des cendres d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine au Panthéon. C’est une manie des institutions contemporaines de vouloir ensevelir les artistes sous les honneurs. Le Panthéon? Pourquoi pas un appartement de la Ville de Paris? Le statut d’intermittent du spectacle? Toute la vie des deux poètes, toute leur œuvre de feu tournent le dos à la société. Ils furent épris de liberté, jusqu’à faire de la transgression un art de vivre. Rancunière, la société, avec la complicité de l’université et des ministres, se venge aujourd’hui de leurs invectives et de leurs langues tirées. Elle tente de les récupérer. Le Panthéon, quoi qu’on pense de son architecture, est une dernière demeure fort estimable. Y reposent des hommes et des femmes ayant œuvré pour le ...

Cadou. L’enfant précoce

L'enfant précoce Une lampe naquit sous la mer Un oiseau chanta Alors dans un village reculé Une petite fille se mit à écrire Pour elle seule Le plus beau des poèmes Elle n’avait pas appris l’orthographe Elle dessinait dans le sable Des locomotives pleins de soleil Elle affrontait les arbres gauchement Avec des majuscules enlacées et des coeurs Elle ne disait rien de l’amour Pour ne pas mentir Et quand le soir descendait en elle Par ses joues Elle appelait son chien doucement Et disait « Et maintenant cherche ta vie. » René Guy Cadou "La poésie est la lumière de chaque jour pour qui sait ouvrir les yeux sur la vie réelle." Ce volume rassemble la totalité des poèmes écrits par René Guy Cadou durant sa courte vie : il est mort en 1951 à l'âge de trente et un ans. Sa notoriété est attestée aujourd'hui par sa présence dans la plupart des recueils de poésie française ainsi que par les les anthologies et divers travaux universitaires consacrés à son œuvre. " Son œuv...

Ronsard. Quand vous serez bien vieille

Quand vous serez bien vieille  Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. » Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom, de louange immortelle. Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. Pierre de Ronsard in Sonnets pour Hélène   1578 . ..Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain... Note sur La Célestine  : Cette œuvre appartient à ce qu’on a appelé la période bleue de l’artiste, il s’agit de   La Célestine ,  Huile sur toile, 74,5 x 58,5 cm, réalisée en mars 1904 par Pabl...

Char. Qu'il vive !

Qu'il vive ! Ce pays n'est qu'un vœu de l'esprit, un contre-sépulcre. Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains. La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif. Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému. Il n'y a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée. Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays. On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté. Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de n'avoir pas de fruits. On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur. Dans mon pays, on remercie. René Char  In Les Matinaux  1950 Le manuscrit du poème

Meurtre, domination et adultère: la vie secrète des marmottes

Parce que c'est l'été, voici un sujet  -peu poétique- de... délassement. Ce petit mammifère alpin vit en clans dirigés par un unique couple reproducteur, et la compétition est féroce. «Pas plus tard qu’aujourd’hui, nous avons assisté à deux meurtres.» Aurélie Cohas, écologiste du comportement au Laboratoire de biométrie et biologie évolutive de l’université Claude-Bernard Lyon-I, n’y va pas par quatre chemins: la marmotte n’est pas aussi charmante qu’elle en a l’air. Disons-le tout de suite, c’est un animal franchement violent, à des années-lumière de l’image de la petite peluche montagnarde à laquelle elle est souvent associée. Cela fait maintenant trois ans que la chercheuse, en partenariat avec l’Université autonome de Barcelone, dirige ce projet et scrute 90 groupes familiaux de marmottes alpines (Marmotta marmotta) répartis dans trois zones entre le col du Lautaret (2 058 m) et le col du Galibier (2 645 m). C’est la seule campagne d’observation des marmottes en Europe actu...

Eluard. Et un sourire

Dans  Capitale de la douleur , Paul Eluard écrit : «  J’ai la beauté facile et  c’est heureux. » Voici, choisi dans  Le Phénix ,   l e dernier recueil publié avant sa mort, un poème  d’espoir : Et un sourire La nuit n'est jamais complète Il y a toujours, puisque je le dis Puisque je l'affirme Au bout du chagrin Une fenêtre ouverte Une fenêtre éclairée Il y a toujours un rêve qui veille Désir à combler, faim à satisfaire Un coeur généreux Une main tendue, une main ouverte Des yeux attentifs Une vie, la vie à se partager. Paul Eluard Le Phénix,   1951 Henri Matisse Nadia au sourire enjoué, 1948

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CORAN. Anagrammes

Pierre Coran est né en 1934 à Saint-Denis en Brocqueroie, près de Mons. Instituteur, il fonde "Le Cyclope", revue autour de laquelle graviteront un groupe de jeunes auteurs. A cette époque, ses élèves estimant injuste qu'il n’écrive que pour les adultes, amènent Pierre Coran à composer des poésies et des contes pour enfants, vocation devenue prioritaire par la suite et qui se poursuit aujourd'hui avec la parution de nombreux albums, traduit en une douzaine de langues. Parallèlement, le poète se consacre à des activités de scénariste, d'animateur et de romancier. Pierre Coran est aussi scénariste d'une centaine de bandes dessinées. Son chemin de vie, sa devise d'homme est à l’image d’un alexandrin du Prince de Ligne:  « J’avance dans l’hiver à force de printemps. » Anagrammes Par le jeu des anagrammes, Sans une lettre de trop, Tu découvres le sésame Des mots qui font d'autres mots. Me croiras-tu si je m’écrie Que toute neige a du génie? Vas-tu prétendre...

Louis-René des Forêts

É coutez-le qui grignote à petit bruit, admirez sa patience Il cherche, cherche à tâtons, mais cherche.  Saura-t-il du moins mettre en ordre,  Débarrasser, décrasser, les coins et les recoins De cette tête encombrée qui est la sienne Où il tourne en rond sans trouver sa voix, Sinon quand le vent souffle à travers bois,  Que la mer roule fort, couvre d'écume les digues, Quand la nature met la langue à sa rude école Et lui enseigne des harmonies sauvages,  Suaves aussi parfois comme la flûte d'un oiseau,  Qu'elles viennent de cet oiseau même ou du roulis d'un ruisseau.  Dirait-on qu'il faut accorder sa voix à celle des éléments Mais soit qu'on dise l'inverse, c'est les deux fois ne rien dire.  Louis-René des Forêts extrait du poème " Écoutez-le qui grignote à petit bruit ... ", In   Poèmes de Samuel Wood

In the mood for...

©Boligan Originaire de Cuba,  Angel Boligán Corbo  est diplômé des Beaux-arts de La Havane en 1987. Il vit au Mexique depuis 1992, où il travaille comme caricaturiste pour le Journal  El Universal , le magazine  Conozca Más  et le magazine politique  Humor El Chamuco . Il est également le fondateur de l’agence CartonClub (le club de la caricature latine).

Verlaine. Es-tu brune ou blonde?

Es-tu brune ou blonde ? Es-tu brune ou blonde ? Sont-ils noirs ou bleus, Tes yeux ? Je n’en sais rien, mais j’aime leur clarté profonde, Mais j’adore le désordre de tes cheveux. Es-tu douce ou dure ? Est-il sensible ou moqueur, Ton cœur ? Je n’en sais rien, mais je rends grâce à la nature D’avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur. Fidèle, infidèle ? Qu’est-ce que ça fait. Au fait ? Puisque, toujours disposé à couronner mon zèle Ta beauté sert de gage à mon plus  cher souhait. Paul VERLAINE In  Chansons pour elle 1891